Je me suis rendu compte cette année que je n’ai jamais parlé de VII dans ces pages. Pourtant, j’ai déjà croisé souvent ses productions noires, son style réfléchi et empreint de nombreuses références qui me parlent, du cinéma de genre aux genres de musique extrême en passant par l’occultisme. « Dernière nuit obscure de la nuit peinte » est quand même le onzième album du bonhomme, à la passion toujours pas éteinte. Bien sûr, VII, c’est un style à part. Sombre, misérable dans l’acception littéraire du terme, avec un flow qui pourra rappeler celui de Casey version masculine (ce qui est un gros compliment sous mon clavier), son rap ne conviendra pas à tout le monde. On pourrait faire à VII le reproche de se radoucir dans ce disque, autant dans certaines ambiances musicales que dans ses textes, plus traversés d’espoir et d’amour (plusieurs messages directs à sa petite fille émaillent le disque). Mais ces lueurs vacillantes ne changent pas l’atmosphère générale, désolée et fataliste, autant sur sa propre situation d’indé du hip-hop que sur celle de notre société, de la race humaine en général ou de notre planète plus si bleue. Confiné dans sa propre existence, contaminé par la morosité ambiante, le mc plonge dans un bain d’acide les poncifs du rap français, histoire de n’en ressortir que le squelette, rhabillé façon VII, le moral dans les chaussettes et un costard pour l’hiver rude et perpétuel dans lequel il évolue. Ce type-là ne voit pas la vie comme tout le monde.
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