
Pfff. A chaque fois je m’y fais reprendre. Nada Surf a beau m’avoir pas mal déçu ces dernières années, dès qu’il sort un nouvel album, je suis sur les rangs. Ce disque enregistré au Pays de Galles coïncide avec les 30 ans de sortie de leur premier single ; il serait juste qu’il soit donc une digne célébration de leur carrière. Si beaucoup se rappellent surtout le college rock de « Popular », le groupe a proposé bien plus au cours des années. Indie pop, rock alternatif, powerpop, on reste bien sûr dans un territoire restreint, mais avec assez de latitude pour ne pas lasser et explorer différentes émotions. Et on vient donc au(x) sujet(s) de ce dixième album ; la résilience, l’acceptation, les leçons tirées des différentes expériences. Question de génération ? Probablement ; ce sont effectivement des considérations et pensées plus « matures ». Côté musique, en revanche, on est comme dans des chaussons. « Second skin » démarre de façon extrêmement classique ; on a l’impression de déjà connaître le titre, sans que ça lui soit préjudiciable d’ailleurs. « In front of me now » enchaîne avec toujours une grosse dose de bonne humeur et une écriture pop imparable. « Moon river » est un peu plus nostalgique, et pourtant je n’y accroche pas. « Losing » suit le même chemin avec toutefois plus de succès. La plus énergique « Intel and dreams » lui emboîte le pas. On arrive ensuite à « The one you want »… Euh, attendez, là, c’est le moment d’un point d’étape. Je ne suis pas déçu de ce disque, mais je ne suis pas subjugué non plus. Ce que j’y trouve, hélas, c’est du bon Nada Surf, mais également un peu insipide. Comme si le groupe était en roue libre, qu’il remplissait un cahier des charges précis des fans. Oui, mais des fans plus récents, peut-être moins exigeants. Et puis hop, « New propeller » arrive avec un très léger twist qui fait plaisir, « Open seas » appuie sur la pédale de disto, ce qui change aussi, « X is you » nous amène encore autre chose, et s’inscrit comme le meilleur titre du lot. Et là vos vous dites « Ah oui, ok, le mec il lui faut la moitié d’un disque pour rentrer dedans… » Et baaaah naaaan, nananère, même que j’avais tellement envie de l’aimer ce disque que les 5 premiers titres, je les ai écouté au moins dix fois pour m’assurer que c’était pas moi qui décarochais. Et d’ailleurs, malgré son côté rock bien sympathique, « Give me the sun » me donne déjà moins de frissons, et idem pour « Floater ». Au final, ce « Moon mirror » reflète peut-être un peu trop la pâleur de la lune, même s’il connaît quelques sursauts de brillance. Mais on sent que Nada Surf est encore capable de se reprendre, et on attend que ça !