Le problème avec Moving Mountains, c’est qu’on a jamais su si le groupe était la priorité de ses membres ou pas. Le groupe semble être né de l’idée de rendre hommage à un ami décédé trop tôt, a fait l’objet de quelques périodes de flou, de vrai-faux splits. « Pruning of the lower limbs » est le disque d’un retour. Aux sources ? Pas vraiment. Pour ça aussi, le groupe n’a jamais vraiment choisi entre les styles qu’il affectionne. Rock alternatif, post rock, post hardcore, emo, on ne sait pas vraiment où les situer – le groupe le sait-il lui-même ? Et c’est con, parce qu’au-delà de cette impression de groupe indécis, Moving Mountains est capable de belles choses. La preuve, encore une fois, avec ce quatrième album à consonnance plus rock. Sur lequel, parfois, on a l’impression d’entendre le Nada Surf ou le Snow Patrol des meilleures années. Un disque sobre, contenu, sur lequel les fans de « Waves » reconnaîtront bien entendu la patte du groupe, mais où ils remarqueront que celui-ci a un peu plus gommé les sonorités vraiment plus typées emo, et les plans aux couleurs post rock. La voix de Gregory Dunn est toujours aussi expressive, mais il ne ressent plus le besoin de la pousser dans ses retranchements, et les titres semblent se recentrer sur l’essentiel, épurés. Le pendant de tout ça, c’est qu’on a déjà l’impression de connaître les enjeux de l’album, d’en avoir déjà éprouvé la solidité, ressenti l’émotion. De chouettes chaussures, confortables et jolies, mais pas du tout celles que tu enfiles pour la première fois et qui te font un effet waw. Mais Moving Units n’a pas forcément vocation à se distinguer outre mesure ; il veut juste être un très bon groupe de rock, et ça on peut lui accorder sans mal.
