Oh, putain, ça nous rajeunit pas. J’étais à l’époque d’Arsenik un inconditionnel des rimes riches et des textes incisifs de Lino et son frangin Calbo. Vous pouvez d’ailleurs retrouver les chroniques sur ce site. Mais j’avais complètement loupé son premier album solo. Pas loupé grand-chose, me disent certains esprits éclairés. Bref, je débarque un peu ici, sans grand bagage pour juger ce « Requiem » à l’aune de ses prédécesseurs. Première constatation ; l’album est long, très long, et chargé de featurings. Un peu comme une recherche de réhabilitation, une justification de cette si grande absence ? Et puis, il y a cette production très actuelle, variée, et sombre. Tout ça rassure et fait peur à la fois. Ben oui, ça fait beaucoup, et si cette recherche de diversité peut s’expliquer au vu de l’expérience du bonhomme, ça fait aussi un peu catalogue. Et ce « parrainage » d’artistes plus commercialement actifs que lui (Corneille, Youssoupha, Zaho) fait un poil trop « école des fans » pour moi. Et puis, c’est pas un secret, j’ai toujours eu beaucoup, beaucoup de mal avec les titres aux couleurs r&b. Je sais, tout ça fait « dossier à charge ». Ce n’est pourtant pas mon intention. Et ce « Requiem » est loin d’être mauvais, surtout lorsqu’il assume son âge et son statut ; égratignant la concurrence, questionnant la société, présentant sa vision des choses, représentant un certain rap, une époque où le message avait plus d’importance que la dégaine du messager, le verbe de Lino est toujours aussi fort, son flow aussi percutant. Je suis peut-être trop nostalgique, mais je me serai contenté d’un disque plus court et plus hardcore ; un disque composé bien entendu de l’énorme « Ne m’appelle plus rappeur » et son intro géniale « Le rap n’est plus », promesse d’un nouvel album d’Arsenik exceptionnel, et de « Suicide commercial », « Requiem », « Wolfgang », « Choc funèbre », « 12eme lettre », « Le flingue à Renaud » et « VLB ». Le reste est bon, certes, mais d’une importance secondaire pour moi. Au final, je trouve ce « Requiem » bon mais vraiment inégal et trop hétérogène.
Lino : Wolfgang
Lino : Suicide commercial
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