
C’est drôle (ou pas d’ailleurs), mais malgré leur bonne réputation et leurs années d’expérience sur la scène death doom, je n’ai jamais croisé la route des rouennais avant. « Le déclin » est leur sixième album, et le premier à passer par la case Adopte Un Disque. Avant même d’en lancer l’écoute, on sait que ça va être long et désespéré : avec ses quatre titres pour plus d’une heure vingt de musique, il annonce la couleur. Le morceau-titre déploie un rythme bien doom avec des notes de guitare très mélancoliques, avant de faire entrer en jeu des riffs plus velus et des vocaux profonds et caractéristiques. Ataraxie ne cherche pas à nous impressionner par un style novateur et original ; son truc, c’est le doom death old school, et il ne veut rien faire d’autre, ni même intégrer des éléments populaires et présents chez les voisins comme des cordes, des claviers ou des voix féminines. « Vomisseurs de vide » démarre de façon bien plus funeral doom, mais bientôt le rythme s’emballe… avant de retomber dans le tout pachydermique. Ce qui n’est pas un jugement de valeur ; ça colle tout à fait avec le titre et l’ambiance générale. « Glory of ignominy » en est la suite logique. Des hurlements désespérés y amènent quelque chose de nouveau, qui vient s’ajouter aux autres traits de personnalité du combo (des passages parlés, des textes en français, ces ambiances entre lourdeur et mélodies douces-amères. Enfin, « The collapse » est encore plus rampant et écrasant, mais évolue en cours de route, amenant des arpèges glacés et finit par une explosion dramatique du meilleur effet. Nous voici donc aux prises avec un album très classique dans sa forme, peut-être, je l’avoue, trop pour moi. Si j’en apprécie les qualités, si j’en partage les influences très nineties, j’aurais aimé y trouver plus de moments échevelés et tragiques, car je trouve Ataraxie assez fort pour ça. Les moments purement funeral, en revanche, je les préfère chez d’autres, même s’ils demeurent convaincants. Je réserverai donc « Le déclin » aux fans ultimes du genre, et même à ses puristes ; il présente des qualités certaines, un savoir-faire indéniable, mais il n’est pas totalement pour moi.