
Avec 20 ans de rap à son actif (même s’il en attendu 10 pour sortir son premier album), Davodka peut être considéré comme un ancien. Mais là où souvent les autres sont rangés des voitures, le gusse continue à foncer dans le tas et faire des étincelles. Les dents longues et les griffes acérées, le russcof ne cherche pas à être coopté, bien au contraire : il se démarque ostensiblement de la masse qui hurle sa bêtise sur les ondes et les réseaux sociaux. Le rap l’a oublié ; ce qui en fait la valeur, ce n’était pas sa forme d’expression, son style, son flow ; c’est son contenu. Et un bon contenu, ça se construit dans l’adversité. « L’argent pourrit les gens, j’en ai le sentiment » disait NTM… « Héritage » est la tranche de vie d’un rappeur et d’un homme qui doit se battre au quotidien pour ne pas sombrer, pour continuer à proposer son art et exposer sa vision des choses, là où d’autres nous imposent leur navrante énième version de mélodies au kilomètre, textes mille fois entendus et flows qui n’en sont plus depuis longtemps. Entre deux explosions d’egotrip, il y évoque sa paternité, son statut de parent d’enfant autiste, sa vision de la vie souvent. Je suis plus client de ces textes intimes que du reste, même s’il faut bien le reconnaître, plusieurs titres ici présents sont une démonstration de technique qui renvoie sans aucun mal la concurrence dans les cordes ; écoutez ne serait-ce qu’ « Epilepsie », c’est assez édifiant. Le point noir, si on en cherche vraiment un, serait trouvé au niveau des instrus, un peu trop classiques. Mais l’ensemble reste vraiment très bon, et tout ce qu’on a à craindre de la succession de cet « Héritage », c’est encore plus de hip hop de qualité !