Je l’avoue, ça fait une éternité que je n’ai pas écouté un disque de Tricky dans son intégralité. Parce que, si l’ambiance et la technique sont toujours de la partie, je trouve quand même que le monsieur a perdu quelque chose en chemin, que ses œuvres manquent d’alchimie, misant plus justement sur une atmosphère nébuleuse, mystérieuse que sur une construction de titres structurés auxquels l’auditeur peut se raccrocher. Et bien sur ce nouvel et quatorzième album, je trouve que ce constat s’impose encore plus. l’album, court, repose sur des titres ou plutôt des bribes de titres, qui eux-mêmes s’appuient sur une seule ligne mélodique la plupart du temps, et un featuring, une voix différente à chaque fois. C’est un peu ce qui a fait sa gloire, je le sais bien, mais ici le « système Tricky » est poussé à son paroxysme. La voix du maître n’apparaît que sporadiquement, sur les titres les plus personnels (une « Hate this pain » sur le décès prématuré de sa fille, « Like a stone », « Fall please » en filigrane). Alors oui, certains morceaux auraient pu, plus étendus, s’avérer complètement addictifs, ensorcelants. Mais il y a ici une volonté forte à l’oeuvre, celle de ne livrer que la vision brute, primaire, de l’artiste. Le plus long titre n’affiche que 3 minutes 27 au compteur. C’est frustrant, et pour moi insuffisant pour s’en imprégner, d’autant plus avec ces fins de parcours pour le moins abruptes. C’est vraiment dommage, parce qu’une « Like a stone », une « Close now », une « Running off » ou une « Chills me to the bone » auraient mérité tellement mieux…
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