
En 2017, Ghostpoet ébranlait un peu ma manière de voir les choses, juxtaposant les styles et les ambiances avec une attitude dont on ne sais pas vraiment si on doit la qualifier de nonchalance ou de cynisme. C’est là que se trouve la tanière de Ghostpoet, dans un entre-deux, entre nuit et jour, noirceur et éclairs de génie, chaos expérimentatoire et labyrinthe inter-dimensionnel d’architecte obsédé. Du coup, pour ce deuxième album que je viens à écouter, ma première impression (la même que la deuxième ou la dixième en fait) ne change pas : je ne comprends pas tout, je ne partage pas un enthousiasme égal pour tout, mais je trouve tout intéressant. La comparaison avec un Tricky a toujours cours, mais « I grow tired but dare not fall asleep » est bien sûr beaucoup plus qu’un ersatz. C’est un artiste qui regarde la musique sous un angle qui lui est personnel, et y voit des hypothèses qu’il s’emploie par la suite à vérifier. Parfois avec succès, parfois moins, mais peu importe, il le fait quand même, par amour de l’art. Alors on peut déceler ici des tonnes d’influences et d’idées différentes, mais on ne peut certainement pas décrire la musique de Ghostpoet avec des qualificatifs ayant cours dans tel ou tel style. S’il y a bien un artiste inclassable, c’est lui. On peut cocher les cases trip hop, electro, rock indé, musique contemporaine, slam, peut-être même d’autres que je n’ai pas perçu, et ce pour plusieurs titres différents ; rien ne ressemblera jamais à ce que vous connaissez, et chacun aura probablement son ou ses préférés. Pour moi, il s’agit de la bien sombre « Humana second hand », mais quelques autres ne sont pas loin derrière. Encore une fois, c’est un disque exigeant et loin d’être immédiat mais plein de trouvailles que nous a concocté l’anglais !