Après une expérience intéressante qui flirtait avec l’electro, Hauschka, l’un des maîtres du piano préparé, recentre ici le propos sur son instrument fétiche, le piano. Un exercice avec lequel il est très à l’aise, ce dont on ne doute pas si on s’est déjà frotté à son œuvre. Ce qui, on s’en doute, aboutit à un nouveau disque sensible et complexe à la fois. Mais voilà, quand justement on connaît le travail de l’allemand, on ne peut s’empêcher d’être un peu frustré. Parce que, bon, ok, c’est très bon, mais des disques de piano pur, il y en a pas mal, et Hauschka allait jusqu’ici bien plus loin. Ici, on trouve ce qu’on nous a vendu, point à la ligne ; un excellent disque de piano, pur. Pas de trace de fioritures, de moisissures, d’excalibur, de Balladur. L’austérité dont font preuve les morceaux permet certes d’en apprécier la virtuosité et d’en goûter la douce mélancolie, mais voilà, en fin de parcours, et malgré toute la sympathie que je peux avoir pour ces disques de grande musique qui n’en sont pas vraiment, j’ai quand même la drôle d’impression que monsieur Sony Classical a pris le dernier M&M’s du paquet devant moi avec un regard de défi. « A different forest » est-il alors décevant ? Pas vraiment si vous avez la boussole qu’il faut, que vous savez où vous pénétrez en écartant les feuillages. Mais si vous pensiez entendre le petit bois craquer sous vos pas, le vent bruisser dans les arbres et trouver le bruit lointain de la ville tapi dans les buissons tel un animal craintif, alors laissez-moi vous dire que vous avez mis des ballerines alors qu’on part en randonnée. Bon, je grossis le trait ; on trouve bien ça et là, et de plus en plus à mesure qu’on approche du dénouement, quelques témoins du passé. Et toujours cette beauté unique qui se dégage des titres d’Hauschka. Mais sa musique a évolué, vous voilà prévenus !