
Ne vous en déplaise, je ne suis pas un vieux con quand j’affirme que pas mal de sorties se ressemblent aujourd’hui. On est dans la société de la rentabilisation, et je suis bien mal placé pour juger ça, puisque je m’y conforme dans ma gestion du temps, qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Mais le résultat, c’est que le monde de la musique laisse de moins en moins de place à des choses qui sortent de l’ordinaire, qui s’écartent ostensiblement des chemins balisés. Gus Englehorn, lui, défriche complètement. « Oneeyed jack pt I & II », le premier titre de ce disque, est aussi original que déroutant. Je ne peux pas dire que je suis séduit, mais il pique forcément ma curiosité avec son phrasé limite hip-hop, ses influences indie pop et folk psyché, ses accents vraiment anglais (alors que le monsieur ne l’est pas). « Thyme » est un peu plus classique, mais garde un fort côté artisanal et indie. La suite est du même accabit : un compromis entre douceur, poésie et folie, avec une versatilité stylistique impressionnante (entre un « Metal detector » et un « Sweet Marie », il y a quand même une belle distance). Au final, je dois avouer que, si l’album est plutôt réussi, il ne me correspond pas forcément. Peut-être à cause de ce côté faussement naïf de la voix de Gus, de ce feeling arty qui s’extirpe (un peu trop) des exigences des formats pop ? Je ne sais pas, mais si je trouve que l’intention est plus que louable, et que l’existence d’un tel disque est un bienfait, le résultat est trop « libre » pour moi.