
J’ai toujours eu du mal à capter la logique et le message de l’anglais Burial, et à pénétrer sa musique. Pourtant, celle-ci a toujours eu quelque chose de fascinant pour moi. Le monsieur, qui a surtout fait ses armes au sein d’un dubstep mutant, s’essaie ici à autre chose. Quelque chose que je ne sais pas bien comment qualifier. Ambiant ? Oui, c’est une grosse partie du processus. L’ambiance est prépondérante ici, elle bouffe même tout le spectre, au point que de musique, il est même très peu question ; elle traverse les cinq pistes de cet « Antidawn » comme un fantôme, sous la forme de micro-mélodies, de bribes, d’amorces. Souvent, c’est quelque chose d’assez soul ou R&B. Mais à peine a-t-on l’impression de la comprendre qu’elle fuit, comme un lointain souvenir. Étrange comme ces mélodies assez légères ou du moins suaves se marient à un (dark) ambiant qui pourrait tout aussi bien servir de bande originale à un film d’épouvante. Oui, « Antidawn » a plus tendance à faire flipper que voyager. Ou du moins, c’est un voyage que l’on aimerait pas entreprendre seul et sans défense. Il n’y a au final que « New love » qui ressemble un tant soit peu à un morceau ; le reste sonne comme les divagations d’un esprit torturé, comme les réminiscences d’un monde oublié depuis des lustres. Bon, et comment on juge une telle œuvre ? Et bien, aux émotions qu’elle procure. Des émotions partagées, nuancées, un sentiment de flotter entre rêve et cauchemar, mais aussi d’avoir affaire à quelque chose de rare, aussi fascinant qu’obscur. « Antidawn » n’est clairement pas l’album (oui, il est qualifié d’ep, mais il compte quand même 43 minutes au compteur) qu’on ira lire en boucle pour chiller, mais je ne peux nier que j’ai apprécié de m’y perdre.