
Ils sont six, nous viennent de Norwich (Angleterre) et ont autant d’amour pour la country / folk seventies que le rock alternatif nineties. Concrètement, ça se traduit par un vocabulaire musical très typé folk, une instrumentation americana (banjo, bandonéon) mais aussi une guitare très Dinosaur Jr. Le tout dans une atmosphère très mélancolique, presque désespérée parfois, ce qui a d’ailleurs étonné le groupe qui avoue avoir pris beaucoup de plaisir à enregistrer « Reservoir ». Pourtant, l’affaire n’était pas entendue d’avance, puisque chez Brown Horse, tout le monde écrit des chansons, et le choix était donc difficile et affaire de compromis. Incroyable que le groupe soit parvenu à boucler l’enregistrement en quatre jours seulement avec autant d’avis à faire concorder. On peut d’ailleurs s’amuser à capter les différences entre les dix chansons de ce premier album ; il y en a indubitablement. Pourtant, l’ensemble sonne de façon homogène. Brown Horse a aussi la chance d’avoir deux vocalistes à son service ; si c’est la voix de Patrick Turner qu’on entend le plus souvent, parfois il est rejoint ou remplacé par Phoebe Troup, ce qui est plutôt agréable. De ses ballades à ses titres plus rythmés (attention, on ne verse jamais dans le cow punk, mais certains tutoient plus le rock), chacun possède ce ferveur et cette conviction qui font qu’on y adhère facilement. Même si « Reservoir » sonne bien plus américain que britannique, il vient enorgueillir le genre qui n’avait pas encore de représentant digne de ce nom par là-bas. On pourrait lui reprocher de nous installer dans des pantoufles (c’est vrai que le genre et la forme ne nous bousculent pas, on est en territoire connu), mais le disque a tout ce qu’on recherche dans le genre, alors on ne va pas chipoter : Brown Horse a soigné son entrée.