Vous êtes d’accord ou pas, je m’en fous ; pour moi, l’âge d’or du black metal est derrière nous, il a eu lieu quand j’étais encore gamin, plongeant avec délice dans son gouffre et ses excès, dans les années 90, alors qu’il cherchait à s’extirper d’un passé trop proche du thrash et se réinventer à la fois par la démesure de l’intensité musicale et lyrique. Et Ba’A pense comme moi, nananère. Car c’est bien ce black roulant à tombeau ouvert les yeux écarquillés sur l’univers insondable qui le surplombe, qui fait la matière de ce « Deus qui non mentitur ». Ba’a est de ces groupes pour qui le message, le questionnement n’est pas une pièce d’apparat, permettant de se fondre dans le moule d’un style pour qui le décorum s’est peu à peu institutionnalisé. Non, ici, le texte est au coeur de la création, s’il n’en est le moteur. Qui s’y penchera aura matière à réflexion ; Ba’A étudie et dissèque la relation de l’homme au divin, quelle que soit la forme qu’on veuille bien lui donner, en retrace le besoin, en dépeint les conséquences. Vaste sujet, qui lui donnera probablement l’inspiration sur plus d’un album. Pourvu que ceux-ci soient aussi bons que ce « Deus qui non mentitur » qui, du début à la fin, emmène l’auditeur dans un maelstrom d’émotions dont il ne ressortira pas indemne. Il faut dire que, si le line-up complet est inconnu, la présence de Hreidmarr au chant est gage de qualité et de puissance d’évocation. Le reste, on s’en doute, suit le même chemin. Entre violence effrénée, longs développements atmosphériques, plans post hardcore, les quatre longs titres centraux (précédés d’une courte intro et suivis d’un superbe instrumental ambiant / horrifique) nous plongent au coeur d’un black subversif, intelligent et belliqueux, aussi intense que passionnant. Un très grand du black metal est né, espérons que son dernier titre (« Mort ») ne soit pas annonciateur de son futur !
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