Ars Moriendi n’est pas un nouveau venu sur les terres black / dark metal françaises, puisque « Lorsque les cœurs s’assèchent » est le huitième opus du one-man band en une vingtaine d’années de carrière. C’est la chanson-titre qui a la lourde tâche de nous faire adhérer au projet. On peut y entendre des guitares mélodiques et volontaires qui peuvent à la fois évoquer un Dark Tranquillity des débuts et, chant francophone oblige, un côté Misanthrope. Rien de trop black là-dedans, me direz-vous, et vous aurez raison ; Ars Moriendi, sur cet album du moins, est plus dark que black. Pas de passages frénétiques à gogo, pas de déclarations d’amour au grand cornu. Technique, mélodique, maîtrisé, très structuré, le titre présente un style vraiment exigeant, lettré (le chant rugueux permet de saisir les paroles) et très axé sur les ambiances et atmosphères. L’influence heavy metal est évidente sur plusieurs titres, le doom vient montrer sa trogne aussi, et des modèles plus rock également. Les titres sont longs mais s’appuient sur des passages aux mélodies fortes, ce qui gomme un peu la complexité de l’ensemble. Ici et là, la voix est doublée par une (ou deux) voix claire(s). On peut même trouver des passages « post » comme sur « Voyage céleste » avec un couloir plus électronique, ou « Nous sommes passés » et son electro indus. Bref, Ars Moriendi a des idées et une vision propre et ce disque ne peut assurément pas être confondu avec un autre. Ceci dit, j’avoue que l’expression du « groupe » ne me correspond pas tout à fait, un peu frustré que je suis du manque de passages purement haineux et intenses. En effet, même sur le titre le plus black « Le ver est dans le fruit », c’est la composante mélodique qui prend le dessus. Voici donc à la fois tout l’intérêt et toute la complexité de ce disque ; si ses bases sont black, les puristes seront chagrinés par sa haute teneur en « narration » ; ici le concept, l’histoire prend le pas sur le style. Pour autant, c’est une proposition intéressante et unique !
