Venetian Snares. Lorsqu’en 1992, le canadien Aaron Funk choisit le nom d’un objet vecteur à la fois de lumière et d’obscurité, on comprend déjà que l’homme est torturé. Mais on ne sait pas encore à quel point. Le monsieur multiplie les sorties, les collaborations, se faisant un nom dans la jungle breakcore naissante, marquant les auditeurs par la frénésie et la bipolarité de ses productions. Mais une fois ce « Rossz… » arrivé, rien ne sera plus jamais comme avant. Composé après un séjour du maître à penser en Hongrie, cet album fait le pari de combiner la matière première principale du monsieur, donc une musique électronique déstructurée et psychotique, à des éléments de musique néo-classique ou même contemporaine. Le tout avec un état d’esprit assez négatif : Funk ne s’est jamais caché avoir accouché de cet opus alors qu’il se trouvait affligé de pertes et autres déconvenues (le titre signifie d’ailleurs « Né sous une mauvaise étoile »…). Il en a d’ailleurs joué, intégrant en troisième piste une « chanson des suicidés » par exemple. Pourtant, il a affublé chaque titre du disque d’un nom hongrois, un peu comme s’ils renfermaient quelques secrets ésotérique à ne pas mettre à la portée du premier venu. Quoi qu’il en soit, il est clair qu’on ne se situe pas ici dans le facile d’accès ou le festif. « Rossz… » se mérite, ne serait-ce qu’en passant outre les fracas de piano quelque peu chaotique de l’intro. Mais il est, à raison, considéré comme une des merveilles de la musique électronique moderne ; une œuvre singulière, unique, qui s’avère toujours aussi percutante aujourd’hui.
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