
« Strom », le précédent album de l’allemand Martin Kohlstedt, m’avait apaisé. Sa mélancolie douce et son positionnement piano sans trop d’apparat mais avec des structures volontiers avant-gardistes m’avait conquis. Alors je n’ai pas fait la fine bouche en voyant arriver ce troisième album. Pour tout dire, je l’ai même gardé un peu pour moi, sans en écrire une ligne, avant de désirer vous le faire partager. Et je dois avouer même ne jamais avoir la curiosité (ou le professionnalisme, c’est vous qui voyez) d’aller écouter les albums de remixes qui suivent chacune de ses productions ; pas envie, pour une fois, de voir transformer des pièces déjà très réussies. Pour « Flur », le compositeur s’est encore une fois attaché à sa principale source d’inspiration, la nature. « Flur » désigne d’ailleurs, en allemand, un couloir forestier, chemin créé par l’homme pour préserver le processus écologique et le mouvement des animaux. Tout en délicatesse et en simplicité, le disque, composé et réalisé durant le confinement, ne s’encombre donc pas (mais c’est plus du à la personnalité de son auteur qu’aux circonstances) d’effets et arrangements grandioses. Il se concentre sur son instrument et les sensations qu’il procure, tant à Martin Kohlstedt lui-même qu’à ses auditeurs. Un minimalisme qui ne gâche aucunement la profondeur de l’oeuvre et la sensibilité des titres, et que le pianiste voit autant comme un retour aux sources qu’un nouveau départ. Bien que moins novateur et ingénieux, « Flur » parvient donc à gagner le coeur par sa sensibilité et son goût du détail. Beau.