Le fait que je me retrouve aujourd’hui à écouter un album de Tyr est assez improbable. J’ai beaucoup de mal, depuis quelques années, à écouter un album de heavy metal ; je n’ai juste plus le même feeling que quand je découvrais le genre il y a vingt ans. Et quelque part, c’est rassurant, de changer de goûts, d’évoluer. Mais Tyr fait partie des rares combos à dépasser ça. Peut-être parce que le groupe porte en lui une grosse part de viking folk, et que je suis bien plus client de ça ? Peut-être parce que les parties heavy metal sonnent moins héroïques et « too much » que chez pas mal d’autres formations du genre ? Bah oui, y’a forcément de ça. Oh, et puis la passion du compositeur principal pour la musique classique aussi. Celle-ci s’est petit à petit glissé dans l’art du groupe et son instrumentation. « Battle ballads » n’est (heureusement ?) pas ce qu’on peut imaginer de par son titre, même si « Torkils dotur » en prend un peu le chemin. Le reste par contre, hormis certainement une « Vaelkomnir foroyingar » un peu trop guillerette, s’avère aussi épique que prenant. Certes, la constante heavy metal me gène encore un peu aux entournures, mais Tyr allie à la fois la puissance, le côté très lyrique, la technicité (les chorus de guitare sont redoutables) ; autant d’éléments qui placent le disque parmi les plus belles réussites du groupe et du genre. Alors oui, les ingrédients d’un bon titre de Tyr sont souvent les mêmes ; une mélodie héroïque, un refrain imparable scandé en choeur, un arrangement symphonique du plus bel effet, une inclinaison folk dans la mélodie, mais aussi un peu de metal extrême dans le son, et on est bons. C’est un style un peu stéréotypé, qu’on a déjà croisé chez d’autres comme Ensiferum ou Korpiklaani, mais les gars des îles Féroé ont su par leur fusion personnelle se faire un nom, et avec un album de cette trempe, on est pas prêt de l’oublier.
