Yann Tiersen est stigmatisé depuis quelques années comme « celui qui a fait la musique d’Amélie Poulain ». Il n’a d’ailleurs pas, jusqu’à récemment, fait grand-chose pour s’en dépêtrer, même si on avait pu noter de légères modifications de son modus operandi sur « Les Retrouvailles« . par contre, ceux qui s’attendent à une redite et se plongent plein d’idées préconçues sur ce « Dust Lane » risquent d’en être pour leur frais. Exit les mélodies de poche fragiles et orchestrations acoustiques, ici on entre dans un univers tout aussi mélancolique mais beaucoup plus planant et digital. Entre rock progressif, post rock et psyché, le Brestois se réinvente, invitant au passage les voix de Syd Matters et quelques autres pour le chant et les choeurs, aidant à donner une autre couleur à ses chansons. De minimaliste, épurée, sa musique devient riche, superposant les couches mélodiques, au risque de perdre l’auditeur au sein d’un maelström instrumental et émotionnel. Non pas que ce disque soit difficile d’accès, c’est juste que la différence avec les autres est flagrante, et qu’il demande donc un niveau de concentration bien supérieur. Yann Tiersen est un compositeur génial, et le prouve encore une fois ici ; on croirait que le style pratiqué ici l’est depuis les débuts de l’artiste tant l’ensemble est maîtrisé. Beau.