
De tous temps, la musique s’est nourrie de la passion de ses auteurs, de leur volonté d’aller plus loin avec leur instrument de prédilection, de le réinventer et aboutir à une autre grammaire musicale. Aujourd’hui, nous allons faire connaissance avec le parisien d’adoption Symo Reyn. Né en jordanie, il y étudie le qanoûn, une cithare à 78 cordes. Virtuose de l’instrument, il décide rapidement, aidé par une soif grandissante de marier ses sonorités avec les styles plus modernes qu’il apprécie, de transformer celui-ci, de l’adapter à ses aspirations plus universalistes. Ainsi, il décide de l’électrifier, et conceptualise même un capteur d’ondes sonores qui, fixé sur son instrument, lui apporte d’autres sonorités. N’y voyez pas un gadget ou une lubie ; même pour un novice, ça s’entend, et ça confère aux titres un petit côté science fiction cher d’ailleurs au compositeur. « A time between birth and chaos » est le premier ep du musicien, qui délivre ici un style à la fois respectueux des traditions et moderne dans son approche. Si le son est clairement world music, les quatre titres de cet ep (pour quand même 27 minutes de musique) amènent pourtant plus à l’introspection et nourrissent l’imaginaire qu’ils n’évoquent le voyage. D’ailleurs, si les origines orientales du monsieur transparaissent ça et là, elles ne sont pas omniprésentes, et quelqu’un qui n’y est pas sensible pourra tout à fait apprécier la chose : on pourra même trouver des influences jazz et bossa sur le dernier titre. Un bon premier essai, qui me laisse cependant, comme beaucoup d’ep, un petit goût d’inachevé. Je reste persuadé que Symo Reyn amènera dans un avenir proche sa musique encore plus loin, et peut-être plus proches des rivages que je connais et affectionne.