Je suis Sophia de loin en loin depuis sa création. Je sais que j’ai tort. Car la musique de Robin Proper-Shepard, faite de mélancolie et de cassures, quelle que soit l’époque à laquelle elle appartient, a ce côté hypnotique immédiat, cette simplicité désarmante. J’ai fait connaissance avec lui à la fin de ce qui a donné naissance à Sophia : le terriblement poignant « One last laugh in a place of dying… » de The God Machine. Soit le point de départ de sa deuxième partie de carrière, après le traumatisant décès en quelques jours du bassiste du trio. Depuis, on le sait, Robin n’a plus jamais été le même, et traîne un mal-être profond traversé de discrets rais de lumière. Ce qui donne parfois naissance à de superbes moments de pop mélancolique, et souvent à des disques très agréables. Silencieux pendant sept longues années, Sophia doit convaincre. « Unknown harbours », intro instrumentale, lève l’ancre de façon grave mais délicate. « Resisting » se fait plus intense ; le riff camouflé de son intro pourrait évoquer du cascadian black metal, le reste se situe dans ce que le groupe sait faire de mieux, se rapprochant du premier groupe de Robin. « The drifter », ballade belle à crever, poursuit le chemin de la plus belle des façons. Hélas, « Don’t ask » et « Blame » sont un peu plus classiques et pourraient en perdre certains en route. « St Tropez / The hustle », un peu plus énervé, nous sort d’une certaine torpeur même s’il ne se montre pas aussi magique que les premiers titres. Suit l’étrange « You say it’s alright », la faussement encourageante « Baby, hold on », et « It’s easy to be lonely » clôt l’aventure d’une façon flamboyante et magnifique. Ce septième album a donc les qualités et les défauts de ses prédécesseurs, et s’avère donc bon, parfois très, mais pas parfait. Ce qui est déjà honorable.
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