Dans la catégorie « pochette qui fait peur », je demande la nouvelle coqueluche anglaise Sons Of Raphael. Ah oui, je sais, les goûts et les couleurs… Mais moi, cette œuvre du peintre et écrivain russe Maxime Kantor, réalisée pour les besoins de l’album, me laisse froid. Bref. Le groupe, en fait un duo fraternel, se distingue par une certaine liberté prise avec les diktats du rock psychédélique, et un sens de la mélodie assez aiguisé. Enfin, c’est ce qu’on me souffle, hein. Vérifions. Ok, ça fait maintenant deux semaines que j’ai écris les lignes ci-dessus, et que je ne me suis toujours pas décidé sur le sort que j’allais réserver à ce disque. Parce que si je trouvais le pari de la pochette un peu fou, ce n’était que la partie visible de l’iceberg… Ces mecs sont dingues, ce disque est dingue, la somme de travail dessus est dingue, ce titre est improbable. Et là, je me dis que rien que pour ça, il faut que je vous le partage. Mais avant d’y entrer, je vous recommande de vous départir de toutes idées préconçues, de toute volonté de comparer l’expérience que vous allez vivre à une autre. C’est peut-être d’ailleurs ce qui m’a bloqué les premières fois ; je cherchais des repères auxquels me raccrocher au lieu de m’abandonner à la vision des frangins Loral et Ronnel Raphael. « Pop rock psychédélique », c’est ce que j’ai noté. Mais dès « Revolution », on comprend que ce disque n’est pas un de plus, mais celui qui redéfinit un son, une conception de la musique. Le duo a bénéficié des conseils avisés et de l’expertise de Philippe Zdar (Cassius), et a même été terminé la veille du décès de celui-ci. Mais avant ça, les titres de ce premier album ont été travaillés durant sept longues années. Et ça s’entend. Les orchestrations sont pharaoniques, les compositions labyrinthiques. L’univers des Sons Of Raphael se situe quelque part entre mysticisme et science-fiction, et la richesse et la complexité de l’ensemble en laissera, c’est certain, pas mal sur le bord de la route. Moi-même, si je n’ai aucun mal à qualifier ce « Full-throated messianic message » comme une œuvre fascinante et essentielle, je ne suis pas sûr d’y revenir un jour. Pour moi, c’est un disque de la force d’un « California » de Mr Bungle, ou d’un « Accidents occur whilst sleeping » d’un Lupen Crook : un pavé dans la mare, luxuriant d’idées, débordant d’enthousiasme, auquel le cerveau doit s’adapter en permanence. Un très bon disque que je mettrai encore quelques mois à m’approprier…ou auquel je n’accéderai jamais vraiment complètement. Une claque en tout cas !
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