
Après avoir débuté en tant que groupe 100 % instrumental, Alluvial a vu son line-up s’étoffer d’un vocaliste en la personne de Kevin Muller, déjà passé par un Suffocation ou un The Merciless Complex. Un timbre grave et gras proche du deathcore qui convient bien aux parties brutales du disques, et un vocaliste qui sait aussi s’adapter aux nombreux passages mélodiques et atmosphériques du groupe. « Sarcoma », donc, est le second album du combo, et le premier chanté. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’on sent qu’Alluvial a conservé des tics de composition « tout instru », ce qui a probablement chamboulé un peu le travail du hurleur pour placer sa voix, mais qui aboutit à un résultat vraiment intéressant. Le mélange agression / mélodie est vraiment réussi, et prend des accents un peu Fear Factory sur certains refrains. Les ambiances sont volontiers plus étranges et personnelles toutefois. Les paroles se penchent sur le mal que peuvent se faire les hommes entre eux ; nul doute que la formation américaine peut y puiser l’inspiration pour pas mal d’albums à venir… Les parties techniques sont bien présentes mais ne viennent en aucun cas alourdir les morceaux. L’album est assez diversifié pour survivre à plusieurs écoutes successives sans l’effet « monolithe » qu’on peut ressentir chez certaines autres formations ; de chouettes idées rythmiques et mélodiques viennent ponctuer le disque, comme par exemple sur « Zéro ». Bon, ce que je ne comprends pas, et que je regrette même, en revanche, c’est cette pochette très « black metal » qui ne cadre pas vraiment avec ce qu’on trouve à l’intérieur. « Sarcoma » est un disque d’une richesse assez phénoménale, et dont la virtuosité vient toujours en appui à l’efficacité des titres et non l’inverse. Alluvial n’est pas un groupe comme les autres, et plus on avance dans l’écoute, plus on se régale et on a envie d’y revenir.