
Quelle surprise de constater que je n’ai jamais chroniqué de disques des finlandais de Shape Of Despair ici ! Pourtant, ce groupe de funeral doom est l’un des meilleurs qui soient, et leur premier album « Shades of… » est un modèle du genre. Bon, bien sûr, on pourrait reprocher au groupe un relatif immobilisme d’album en album. C’est vrai, Shape Of Despair ne s’est pas beaucoup renouvelé en 27 ans de carrière. D’accord, avec un blaze comme ça, il ne va pas se mettre à reprendre Collectif Métissé du jour au lendemain… En fait, il a tout de même accordé au gré des années une place plus importante au chant clair et aux ambiances qu’on pourrait qualifier de shoegaze, mais juste parce que c’est la mode. « Return to the void » est encore un long disque (presque une heure, ah pour une fois que je ne me plains pas de la courte durée d’une galette) constitué d’assez peu de pistes (six au total) avec pour point commun une progression lente et inéluctable, comme un cortège funèbre, un côté symphonique assumé, et un partage du chant entre chant doom death bien profond et voix claires plaintives. Oui, c’est assez classique comme feuille de route. Mais c’est la marque des finlandais, et si la paternité du style ne leur revient pas, ils en demeurent de fiers représentants. Indélogeables ? Oui. Inimitables ? Non. Inégalables ? Possible. Parce que, si on a déjà entendu ça, l’assurance et la maestria des titres de ce cinquième album sont impressionnants. Ecoutez donc les premières minutes de « Solitary downfall », ce riff imparable, cette nappe enveloppante… Impossible de ne pas être happé par cette noirceur glaciale, de ne pas ressentir toute l’affliction qui en transpire, mais aussi la beauté et la pureté de cet état de profond désespoir. On touche là aux racines du funeral doom, messieurs-dames, plus qu’un disque de plus c’est une définition, et Shape Of Despair sont un peu nos petits roberts finlandais. Oh je me suis un peu emballé là, mais vous avez saisi l’idée ; « Return to the void » est une très bonne sortie du genre.