Je dois dire que ce nouvel album du grand Saul me fait autant envie que peur. Parce qu’après avoir accroché l’oreille sur ses deux premiers albums, le bonhomme faisait tout et son contraire, et se faisait une orgie stylistique et scénaristique qui finissait par donner le tournis. Ah, les artistes ! Et avec son titre, « Martyrloserking » annonce peu ou prou le même programme… Allez, je me lance. « Groundwork » se montre plus sobre que prévu. Très inventif, mais recentré sur une mélodie prégnante. Suit « Horn of the clock-bite » ; un sample de piano redonne une couleur très slam, le refrain sonne assez metal fusion, le tout convainc sans mal. « Ashes » poursuit avec une couleur rock indus qui n’est pas du tout pour me déplaire. « Think like they book say » porte lui aussi des couleurs rock fusion et puis, et puis… je perds pied. On retrouve dans ce « Martyrloserking » tout ce qu’on a aimé chez Saul, et aussi tout ce qu’on y redoutait. Mais curieusement, ça marche très bien. Parce qu’il y a dans ce cinquième album le liant, la production béton qui faisait peut-être défaut avant, et qui parvient à rendre ce mélange rock slam jungle electro fusion portnawak logique, presque évident. Et ô combien passionnant aussi. On ne sait pas de quoi la minute suivante sera faite, et c’est bien. « Martyrloserking » a besoin d’attention, de place disponible pour s’épanouir et convaincre. Et pour qui a déjà aimé Saul williams, et pour qui aime découvrir faite à la fois avec les tripes et le cerveau, il n’y a aucune raison qu’il n’y parvienne pas. Adopté !
Saul Williams : Burundi
Saul Williams : Horn of the clock-bite