
J’avais, à tort car il était très bien aussi, même si un peu moins luxuriant (je l’ai découvert après), fait l’impasse sur « Terrain », l’album précédent des anglais de Portico Quartet. Me revoici prêt à en découdre avec ce « Monument » autoproclamé. Enfin, en découdre, c’est une expression, parce que je ne m’attends pas vraiment à devoir sortir les crocs ou les griffes ici. De fait, sous cette appellation, je ne me souviens pas avoir été déçu par Portico Quartet. La formation distille toujours son electronica / ambiant / trip hop jazzy, délicate, mélancolique et gorgée d’orchestrations feutrées mais amenant de la profondeur à l’ensemble. Le groupe considère « Monument » comme son travail le plus direct et efficace, et on serait tenté de lui donner raison. Effectivement, ici chaque titre met en avant de façon évidente une mélodie à laquelle on a aucun mal à se raccrocher, un fil rouge jamais noyé sous les effets ou les digressions dont les anglais usent parfois. Est-ce que cette forme est prémonitoire de celles à venir ? N’y comptez pas. Les gars ont toujours eu horreur du sur-place. Et d’ailleurs ce disque a été composé et enregistré à peu près en même temps que « Terrain » pour des rendus sensiblement différents (complémentaires ?), donc impossible de savoir quel élément prendra le dessus par la suite. Ce qu’on peut affirmer en revanche, c’est qu’une fois de plus, leur art est stratosphérique et essentiel à qui aime rêver en musique. Même si, pour moi, un « A.O.E. » ou un « Warm data » sont un peu trop répétitifs pour qu’on s’y laisse prendre à plusieurs reprises. Mais le reste est magnifique, comme d’habitude ; les motifs électroniques se marient à la perfection avec le saxophone, le piano, les nappes installant l’ambiance « widescreen », descriptif émanant du groupe lui-même pour sa musique et pas galvaudé du tout. Beau.






