Pour ses trente ans de carrière, Moby a décidé de faire les choses en grand. Parfois moqué ou sous-estimé, il s’en vient avec un documentaire qu’il a lui-même pensé et qui retrace son parcours, et aussi cet album de réinterprétations de ses plus grands succès façon acoustique ou neo classique avec un orchestre symphonique, et plein d’invités de renom. Un programme qui, au choix, peut allécher ou faire peur, mais qui a carrément été accueilli par Deutsche Grammophon. Et en « vrai », ça donne quoi ? On commence par une « Everloving » majestueuse mais qu’on reconnaît vraiment sans mal. « Natural blues » voit Gregory Porter et Amythyst Khai se partager le micro, et le moins qu’on puisse dire c’est que ça claque ; cette chanson gagne en intensité, en puissance et en groove ce qu’elle perd en mélancolie profonde : une vraie belle reprise. « Go » se fait beaucoup plus tribale et cordée : pas forcément ma version préférée, je préfère son côté sec et énergique de base. « Porcelain » n’a jamais été mon titre préféré de monsieur Richard, et ça ne change pas sur cette relecture plus soyeuse encore. En revanche je trouve « Extreme ways » très réussie, faisant ressortir de façon plus subtile et pure l’émotion. On connaît déjà au moins une dizaine de versions différentes du « Heroes » de Bowie ; celle-ci avec Mindy Jones au micro et un fond minimaliste, ne changera pas la face du monde. L’orchestration n’apporte finalement pas grand-chose de plus à « God moving over the face of the waters », puisque l’essentiel y était déjà. Mon chouchou « Why does my heart feels so bad » se voit affublé d’un feeling plus soul qui ne me convainc pas vraiment. « The lonely night » aurait pu être écrite par Mark Lanegan qui la co-interprète (avec Kris Kristofferson), et je ne vais pas m’en plaindre. J’ai toujours trouvé « We’re all made of stars » too much, alors cette version chant choral m’a vite fait jouer de l’avance rapide. « Lift me up » se présente dans une version plus tragique et moins pop qui lui va bien. « The great escape » a beau ici appuyer assez fort sur la touche pathos, elle fonctionne très bien. « Almost home »est un peu trop onirique et édulcoré pour moi. Enfin, « The last day » exploite au mieux la voix de Skylar Grey et clôt l’aventure en beauté. Alors bilan ? Plutôt positif. Bien sûr, les orchestrations font beaucoup, mais il y a vraiment de l’idée ici, et « Reprise » est loin d’être vain.
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