
On le sait, que Thom Yorke flirte depuis un moment avec l’electro. Les albums de Radiohead allaient déjà en dévoyer certains éléments. « The eraser », son album solo, est allé encore bien plus loin, pouvant à peine être considéré comme un disque d’indie pop plutôt que d’electronica. Mark Pritchard a rencontré Thom Yorke en 2011 lors d’un remix de « Bloom » de l’album « The king of limbs ». Depuis, l’idée d’une collaboration a lentement fait son chemin, et nous y voici : 12 titres pour plus d’une heure de musique, soit pas mal de boulot pour les deux gusses. Rien d’exceptionnel vous trouvez ? Ah mais si, parce que Pritchard est souvent à la limite de l’avant-garde, Thom Yorke aussi, et donc on est pas du tout dans l’electronica plan-plan ici. « A fake in a faker’s world » introduit un style délicat aux ambiances feutrées qui prennent bien leur temps pour s’installer ; avec ses huit minutes, son côté ambiant / flippant et son chant fantomatique, il est annonciateur du long voyage qui nous attend. « Tall tales » n’est pas accessible à tous donc : il faut parvenir à y entrer à pas de loup, s’y déplacer sans en perturber l’écosystème, en sortir en tentant de conserver son équilibre et retrouver ses esprits. La voix de Thom est parfois assez méconnaissable, les mélodies sont volontiers minimalistes et fuyantes, bref ce n’est pas l’album le plus simple à suivre, mais ça ne le rend pas moins intéressant. Il bouscule notre conception des convenances mélodiques, notre perception de la réalité (aidé en cela par des vidéos très expérimentales aussi), nous fait basculer dans un univers où les lois de la physique sont redéfinies. Etonnant de bout en bout, il ne plaira pas forcément aux fans de Radiohead, mais ils seraient tout de même bien avisés de s’y aventurer. Et pour les autres ? Si vous êtes sensibles aux ambiances oniriques, pourquoi pas !