LAUCAN : Frames per second

Quand Laurence Galpin alias Laucan s’est relevé de la séparation de son précédent groupe, il n’était pas assez assuré pour assumer ses nouvelles envies musicales. Alors pour éviter de s’exposer au jugement de ses voisins, il a décidé de camoufler sa voix, usant d’un falsetto qui finalement allait (va) assez bien avec sa musique. Aujourd’hui, nous découvrons le résultat de mois de travail calfeutré dans son appartement. Et on ne peut que constater que cet acharnement désintéressé, juste pour l’amour de créer, sans objectif préalable de partage, est payant. Sa pop folk tient de l’orfèvrerie ; délicate et sensible, elle se perd néanmoins dans des enchevêtrements de sons, voix superposées et dentelles guitaristiques. Loin d’être stroboscopique, ce « Frames per second » tient donc plus de l’essai psychédélique doux et rêveur. « Wait for the impact » qui entame le disque évoque d’ailleurs une rencontre fortuite entre Jeff Buckley et Thom Yorke. Vous l’imaginez mal ? Effectivement, ce mélange entre pop folk et avant-garde est inattendue. Et si on met un peu de temps avant de s’y accoutumer, on l’apprécie d’autant plus une fois l’univers assimilé. « Frames per second » est ce genre d’oeuvre où l’on pénètre à pas feutrés, craignant que les feuilles de nénuphar servant de sol ne se dérobent sous nos pas si on vient à perturber la quiétude et la poésie par inadvertance. Une bruine brumeuse arrose en permanence l’ensemble, des arrangements d’orchestre de chambre habillent certains titres… Laucan a à la fois l’élégance et le spleen anglais, tout en se démarquant musicalement de ses aînés. On le sent capable de composer des pièces encore plus abouties (« Symptoms en est un avant-goût assez enchanteur), mais ces dix titres sont déjà une belle mise en bouche pour les esthètes !

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