Voici un disque dont le succès pose question. Non pas que je mette en doute ses qualités, sans quoi il n’y aurait aucun intérêt à le ressortir de mes colonnes à cd aujourd’hui, après, hum, quelques années d’existence. Mais la question est plutôt : Madness, et ce disque en particulier, auraient-ils connu le succès sans Prince Buster ? Parce que, hormis l’influence certaine de ce dernier sur l’efficacité rythmique des anglais, c’est quand même l’un de ses titres qui a attiré les regards et donné son titre au premier album de Suggs & co. Eh bien… je n’ai pas la réponse. Ce titre, judicieusement placé en première position et sorti en tant que premier single, a en tout cas démontré que le combo 1/ avait des références 2/ savait moderniser et rendre plus énergique et accrocheur le style qui l’avait inspiré. Mais c’est loin d’être la seule réussite de ce disque. Madness y a mis en place tout ce qui fait son charme : un mélange entre ska (forcément), rocksteady, rock pas encore vintage (à 1 ou deux ans près, ok), humour et accent cockney. Et une collection de titres imparables. En deuxième place, l’un de mes titres préférés du combo, « My girl », relatant les difficultés de couple au sein d’un titre plus pop et mélancolique à l’humour sous-jacent. « Night boat to Cairo » est dans la mouvance du premier titre, avec une mélodie qui s’incruste. « Believe me » est plus pop, plus mid-tempo, proche d’une « My girl », dans le sujet aussi d’ailleurs. « Land of hope and glory » voit Suggs exercer ses talents d’interprète. Suivent « The prince » et son two-tone implacable, « Tarzan’s nuts » et son autre revisite bien fun, « In the middle of the night » et son rock ska, le tube reggae-pop funky « Bed and breakfast man ». Histoire de souffler, une « Razorblade alley » au piano menant le jeu nous accompagne jusqu’à une autre reprise : l’inattendue revisite du lac des cygnes de Tchaïkowsky. « Rockin’ in AB » est peut-être le titre le moins convainquant du disque, le plus basique et sixties aussi, suivi de près par une « Mummy’s boy » un peu trop basique. « Madness », simple mais maline, fait forcément figure d’hymne. Et Madness clôture avec une « Chipmunks are go ! » assez WTF mais outrageusement fun. Au final, on a ici un disque direct, efficace et léger qu’il est presque impossible de ne pas aimer !