On m’avait prévenu ; « tu verras, c’est spécial ». Effectivement, la musique de J’Kerian Morgan alias Lotic est pour le moins expérimentale. Ce nouvel album de l’artiste transgenre américain(e) exilé(e) à Berlin va loin dans le mélange des genres. Si la base est électronique (house / ambiant / electronica), on y trouve aussi de la musique du monde, de la musique de film, du R&B, de la musique contemporaine… Pas étonnant que Bjork l’ait déjà sollicité(e) ; les univers foutraques et les imaginations sans bornes des deux créatrices sont connexes. Il vous suffira de lancer la lecture de la vidéo de « Come unto me » pour vous apercevoir du degré de créativité du projet. Lotic est également un(e) artiste engagé(e), exprimant régulièrement son positionnement face aux sujets politiques, sociaux, identitaires. Bien sûr, on peut faire abstraction de ça et se concentrer uniquement sur la musique de « Water », ce qui n’est déjà pas une mince affaire. On y trouvera donc des motifs répétitifs délicats, presque enfantins parfois, posés sur des nappes souvent menaçantes, traversées de samples obsédants plus technoïdes, et au-dessus de tout ça la voix éthérée et caressante de Lotic, avec en plus une piste de choeurs. C’est un genre désarçonnant qui se déguste plus comme une curiosité que comme une proposition musicale « classique » ; il sera de fait compliqué de se rattacher aux structures et mélodies de ces neufs titres, même si le tout est construit de façon logique et (plus ou moins) compartimenté. Lotic est unique, ça ne fait aucun doute. Pour autant, puisque les éléments utilisés le sont souvent sur plusieurs titres et d’une façon comparable, on peut tout de même reprocher au disque une certaine linéarité. Oui, c’est un comble. Cependant, si vous désirez découvrir quelque chose de vraiment différent et inédit, n’hésitez pas à plonger dans « Water » !
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