
J’ai toujours eu un peu de mal avec la pop à la française, aussi inventive et hors normes fusse-t-elle. Bien sûr, j’avais déjà croisé la musique de Watine ça et là, appréciant son indépendance d’esprit, sa musique à la fois savante et instinctive. Mais pas assez pour en faire un coup de cœur. Alors quand « Géométries sous-cutanées » débarque dans ma boîte aux lettres, je pense savoir ce que je vais y trouver. Grossière erreur ; ne jamais chercher à enfermer un artiste, il trouvera toujours une échappatoire. Ici, exit ou presque le chant (ou plutôt la voix, présente sur deux plages seulement), le côté pop, et bienvenue à une musique quasi-entièrement instrumentale qui doit autant à la musique contemporaine qu’à l’electro ou au post rock. Une musique volontiers labyrinthique, superposant touches et couches de délicatesses rythmiques, de mélodies légères, de poésies sonores et de feeling maussade. A dire vrai, je ne vois pas ici de figures géométriques. Ou alors une géométrie d’ailleurs, une géométrie d’après, peuplée de formes fuyantes et changeantes. Et la musique est bien trop voyageuse pour être contenue sous un quelconque épiderme ; elle rejoint les étoiles, s’insinue dans les profondeurs de la terre, explose en des milliers de teintes incandescentes, laissant dans les yeux et la mémoire des spectateurs des souvenirs impérissables. De fait, ici Watine joue sur plusieurs tableaux ; trip hop, electronica, post rock, musique contemporaine, musique de film imaginaire, tout ça en employant instruments « naturels » et effet modernes. « Géométries sous-cutanées » n’est pas un disque facile à appréhender, mais recèle des richesses se révélant au fur et à mesure des écoutes. C’est en tout cas un projet passionnant et très audacieux, loin d’être à réserver aux seuls amoureux de l’oeuvre de Watine donc, mais pas effrayés par les titres relativement longs et sinueux. Sacrée mue !