Certains hasards n’en sont pas, j’en suis convaincu. Si j’avais été introduit au montpelliérain Lisbone à l’occasion de la sortie de sa revisite de « Voyage, Voyage », je l’aurais probablement ignoré. Non pas qu’elle soit mauvaise, cette reprise ; l’interprète a réussi à en expurger son côté cheesy pour n’en garder que l’essentiel, sans surjouer ni travestir. Mais bon, ça reste pour moi plus une anecdote qu’un argument musical. Mais voilà, j’ai connu Lisbone via « Michel », chanson-hommage délicate, poétique et troublante. Un titre dont la douceur triste m’a rappelé un autre hommage, celui de Matthieu Boogaerts à son pote « Dom » sur « 2000 », dans le fait de tout dire avec retenue et pudeur. Mais c’est par une « Un loup pour l’homme » et ses airs electro pop que nous accueille ce premier ep. Assez catchy, ce titre se situe un peu aux antipodes de ce que je pensais trouver ici. Mais j’avoue que, si décontenancé je suis, je ne suis pas déçu ; c’est un beau titre. « Le vietnam sous la neige » revêt, lui, les couleurs sépia, emporte les cordes et la tragédie pour lesquels j’avais perçu le talent de Lisbone. Une fois « Voyage, voyage » passée dans sa version « soft », « De plus que moi » vient enfoncer le clou d’une pop à la française subtile et franche. Curieux comme tout ça passe bien alors que j’ai vraiment du mal avec le chant francophone en temps normal. Suit « Michel » sur laquelle je passerai, même si à chaque fois elle me transperce le coeur. Enfin, une version plus groovy de « Voyage voyage » vient clôre l’ep, avec une synth bass Metronomyenne qui fait le taf. Le bilan de ce premier ep est donc très positif. Bon. Il y a un truc quand même qui me titille depuis le départ, et que j’avais hésité à vous taire ou pas. C’est la ressemblance troublante du chanteur avec Malik Bentalha. Bon, ça ne me dérange pas, j’adore ce mec, mais la première fois que j’ai vu « Michel », au détour d’une montée d’émotion, j’attendais une vanne. Et je dois dire que si la musique de Lisbone m’a permis de passer au-dessus de ça aussi, c’est vraiment qu’il est doué pour ce qu’il fait. A suivre de très près donc ! Et si vous accrochez, jetez comme moi une oreille aux magnifiques « C’était quoi son nom » et « Tu sais », et vous finirez fan du bonhomme vous aussi.
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