
La musique est un art. Et la manière de percevoir une œuvre est, par essence, totalement subjective et donc différente d’une personne à l’autre. Tenez, prenez ce « Glass of blood » : sur la com, j’apprends que Lisa Li-Lund (enchanté) est fan des Rolling Stones, de Bruce Springsteen, de Suicide et Dolly Parton. On pourrait donc supposer que ces influences se ressentent au travers de son art. Et peut-être que de son côté, elle le ressent aussi. Et bien moi non. Pas du tout. Et c’est plutôt heureux, puisque je n’accroche à aucun d’eux. Pour moi, ce « Glass of blood » se situe plutôt à la frontière entre indie pop, folk et electro pop. Rien de bien original pour l’époque à première vue, et pourtant. En fait, Lisa Li-Lund invoque les fantômes, la solitude, le recueillement et l’introspection au travers de ses textes comme de sa musique. Ce qui explique la pochette très Hammer films, et le côté très sixties / seventies ressenti de l’album. Un voile de brume traverse le disque, un romantisme désuet et inquiétant l’habite. Sans forcément qu’il n’y ait de lien autrement que pour l’ambiance, il m’évoque « The ghost who walks » de Karen Elson et le « Misery is a butterfly » de Blonde Redhead. Musicalement, c’est assez léger, très pop, mais quelque chose de plus pesant reste tapi dans l’ombre en permanence. On peut d’ailleurs saluer le travail de production permettant à ces deux éléments de cohabiter en bonne intelligence, chacun à sa place. La franco-suédoise signe un retour à la musique marquant et réussi après quelques années passées à s’éloigner de cet univers dans lequel elle baigne depuis très longtemps. Pour autant, certains tics et structures ont tendance à se répéter d’un titre à l’autre, et quelques longueurs peuvent se faire sentir si on se lance dans des écoutes successives ; « Glass of blood » est donc plus un one-shot à réécouter de temps en temps avec un plaisir renouvelé qu’un disque de chevet. Mais ça reste un bon disque.