LA PIETA : La moyenne

La Pietà et moi, c’est l’histoire d’une rencontre jamais arrivée. C’est par le biais d’un mail lu tardivement que j’apprends l’existence de ce projet, pourtant né il y a quelques années, avec l’idée et l’ambition de délivrer son auteur d’une partie de ses frustrations, pensées et observations sur le monde qui l’entoure, l’afflige, et sur elle-même, la façon dont elle s’entoure et elle s’afflige. Et ce qui me frappe surtout ici, c’est la façon dont elle pointe avec des mots crus et justes ce qui se passe sous mon crâne dégarni. « La moyenne », c’est elle, c’est moi, c’est vous aussi peut-être. Ici, ce titre-phare, déjà connu sous une forme bien virulente, se voit déshabillé, expurgé de sa musicalité, outre celle du texte. La version slam permet de bien jauger / juger le texte, et a le mérite d’écrémer l’auditoire ; si tu passes pas ça, t’as rien à foutre ici. Et puis autant s’habituer, parce que le texte de « J’ai peur » n’est pas moins égratignant. La Pietà est un massif montagneux fait de pics acérés et de chutes abruptes, qui nous renvoie notre écho, mi moqueur mi gêné pour nous. Et je ne vais pas vous dire que ce n’est pas fatiguant, d’être mis face à ses propres échecs, sans trop d’espace pour se retourner sur la corniche : « La moyenne », le disque, est un ensemble de titres qui touchent forcément, puisqu’ils sont le reflet de tout ce qu’on exprime pas habituellement, et à quoi Virginie Nourry a décidé de donner corps, d’y transférer une partie de son âme, celle qui pèse le plus sur son quotidien. Mais nous, qui sommes-nous dans l’affaire ? Osiris, présidant le tribunal de la pesée de l’âme ? Thot, accompagnant celle-ci ? Ou la balance elle-même, observateur impudique et juge impartial de l’humanité ? Un peu tous à la fois, tour à tour, probablement. En tout cas, c’est un panorama assez complet des failles de nos semblables, de celles qu’on peut voir dans le miroir qui nous est proposé ici. Musicalement, il y a du slam, je l’ai déjà dit. Mais ce sont les aspects rock, la rage punk qu’on retient le plus. On trouve aussi des éléments electro, dispersés ça et là, pour apporter de la diversité, et d’une forme de poésie crue, cruelle. Au final, « La moyenne » est un disque aussi essentiel qu’il est complexe et bourratif : impossible pour moi de l’aimer en entier, et inimaginable de le rejeter en bloc ; parce que c’est une œuvre pure, courageuse et magnétique.

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