Depuis Sté Strausz, le rap féminin français en a fait, du chemin. Plus obligées de jouer les sidekicks, de faire ami-ami avec les grands frères en quête d’un parrainage forcément déplacé, les rappeuses se sont cherchées. Car peu importe le sexe ou la sexualité, le genre reste bourré de raccourcis faciles et attitudes stéréotypées. Rappeur trop sensible = fiotte. Rappeuse trop hardcore = lesbienne. Message trop construit = bourge donneur de leçon. La Gale s’en fout. Arpenteuse de lieux anar, amatrice de musique aux idées larges, représentante d’une génération qui a aboli les frontières entre rap et rock, la suissesse sort ici un deuxième album produit de main de maître par un Al Tarba décidément en forme ces derniers temps et un Inch que je ne connaissais pas mais qui en impose. Suivie depuis quelques temps par Virus, La Gale a quelques points communs avec une autre acolyte musicale de celui-ci, à savoir Casey : timbre rocailleux, rimes et attitude bien rough, ces dames peuvent renvoyer bon nombre de leur collègues masculins à leur stylo. « Salem city rockers » enchaîne les instrumentaux new school, entre rock caniveau et electro de quartier mal famé, de quoi installer une ambiance où la frêle silhouette de l’espoir se taille à coup de canif dans les ténèbres. Revendication, constat désabusé et dénonciation blasée sont les mamelles de ce disque qui s’avère réussi mais pas essentiel. La Gale a une plume assurée et un flow incrusté dans le bitume, mais sa patte n’est pas encore assez reconnaissable à mon goût. Ce qui ne m’empêche pas d’être impressionné par des titres de la trempe d’un « Chien galeux »…
La Gale : Qui m’aime me suive
La Gale : Petrodollars
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