King Dude est un peu un alien dans son domaine. Et pour cause ; son domaine est taillé à la serpe au sein d’une niche musicale, ou plusieurs. On pourrait décrire sa musique comme du folk gothique. Soit quelque part entre la dark americana, le folk rock pur et le rock gothique tristoune. Le tout avec une aura sulfureuse (King Dude est sataniste) et un mépris affiché de l’avis d’autrui sur sa musique. Est-ce que je vais pour autant me priver de le donner, mon avis ? Que non. Parce que moi aussi, je me fous de tout. « Full virgo moon », donc, est un disque composé très rapidement (deux semaines ont suffi) et qui renoue avec un style plus épuré, qui globalement est celui des débuts. L’imagerie a donc beau rappeler le metal, on y est pas du tout ici. A qui donc s’adresse ce disque ? On se demande en effet si les folkeux oseront ne serait-ce qu’y écouter une paire de titres. Et comme sur les autres disques du bonhomme, il y a du bon et du moins bon sur « Full virgo moon ». L’album commence par une excellente intro assez dark ambiant, puis enchaîne avec un titre plus folk assez réussi même s’il a tendance à tirer en longueur (« My rose by the sea »). « Full virgo moon » est plus posé et mélancolique. « Forty five says six six six » est une ballade dark country typique (mais ça marche toujours). « The satanic temple » est une ballade également, mais plus pop folk ambiant. « Forgive my sins » dégaine le piano et les cordes, à raison ; c’est l’une des chansons les plus touchantes et réussies du disques, si ce n’est la meilleure. On arrive ensuite à une doublette assez étrange : « Make me blind » et « A funeral song for atheists » sont jumelles de texte, mais pas d’ambiance. La première s’inscrit dans un registre pop psyché, tandis que la deuxième est une ballade au piano assez soporifique. Enfin, « Something about you » repart vers la pop psyché ambiant, mais ne s’avère pas plus passionnante. Au final, je ne sais que penser de cet album, qui me donne l’impression d’avoir été posé là sans réelle réflexion, comme un point d’étape répondant à un besoin de s’exprimer plus qu’une « œuvre ». Alors moi aussi, je vais l’écouter « en passant », sans lui laisser beaucoup d’espoir d’un deuxième rencart.
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