
Quand on lance l’écoute de ce « Dream or don’t dream » en ne sachant rien de Kestrels pour la première fois, impossible de ne pas remarquer la forte concentration d’influences rock alternatif – grunge des nineties. On pense forcément à Dinosaur Jr , Superchunk, Superdrag, Teenage Fanclub, etc. Autant vous dire que la présence de Jay Mascis sur « Grey and blue », le deuxième titre de cet album, est loin d’être saugrenue ; son solo (parfait, comme toujours) se fond parfaitement dans le titre ; on le remarque, certes, mais si son nom n’était pas crédité, ça pourrait faire partie de la panoplie musicale du groupe. Et quelle est-elle ? Un mur de guitares qui crache des riffs acides et catchy, une basse qui ronronne, une batterie qui martèle, une voix powerpop. On connaît déjà tout ça, mais Kestrels le sort de ses entrailles comme si c’était naturel, comme un compagnon d’armes des groupes suscités plutôt qu’un héritier. Pas facile de trouver un seul élément qui cloche ici tant tout semble à sa place. Les guitares mènent le jeu ; elles s’envolent, se calment, rythment, explosent, égratignent et parfois caressent (mais pas souvent). Une certaine unité se dégage de ce troisième album, ce qui est par contre un peu incompatible avec l’éclosion d’un vrai single, de ceux dont on retient tout et qui ne vous quittent plus. Effectivement, ici on est plus dans le packaging, le disque qui s’apprécie dans sa globalité et dont on ressort avec un sourire comblé. Ce qui doit amplement suffire au trio de Nouvelle-Écosse.