Il est rare qu’un disque de chanson française, qu’il soit artisanal ou professionnel, parvienne à franchir les portes d’Adopte Un Disque. Parce que je suis snob, principalement. Enfin, bref, Julien Kerfuric, lui, il s’en fout, il tente sa chance, m’envoie son lien, et si ça marche, ça marche. Cinq titres, c’est un peu court. Et en plus, Julien emploie des ficelles déjà usitées depuis des années, et assez classiques pour de la chanson française, fusse-t-elle bien colorée par le rock. Alors vous me direz, mais qu’est-ce que tu fous là ? Et bien, cet ep est franchement plus intéressant que ce court descriptif ne le dépeint. « La fille du bord du zinc » nous accueille en douceur avec son ambiance grave et cinématographique et son format assez atypique. Une très bonne carte de visite qui contraste avec un artwork un peu trop cliché pour moi. Si « Torera » nous sort des influences andalouses, idiome compris, elle n’en reste pas moins accrockcheuse. La plus bluesy « C’était hier » fait, il est vrai, un peu retomber la mayonnaise, mais marque un tournant vers un style plus intimiste et moins flamboyant. C’est sous cette nouvelle bannière que se présente « Tragédie comico romantique », mêlant habilement chanson et post rock. Enfin, « Vénus » nous sort un refrain groovy imparable contrastant avec des couplets plus contemplatifs et mélancoliques. Bref, Julien Kerfuric m’a surpris. Et en rayon chanson, c’est une belle performance. Espérons qu’il garde à l’avenir cette indépendance d’esprit qui le maintient hors du moule.