JESSICA BOUDREAUX : The faster I run




Je n’ai jamais écouté une note de Summer Cannibals, l’ex groupe de Jessica Boudreaux. Je ne pouvais donc pas être excité par l’arrivée d’un premier album solo pour la dame. Signés chez Kill Rock Stars, ces gens pratiquaient un rock teinté de garage, rock indé et punk. Doit-on alors s’attendre à en trouver une déclinaison ici ? Pas vraiment. « The faster I run » s’en écarte ostensiblement, avec un style toujours teinté de rock mais bien plus pop et accrocheur. La dame, depuis la séparation, a pris le temps de changer ses habitudes, écrivant par exemple pour la télévision, puis produisant des groupes. Sans aucune intention, d’ailleurs, de s’avancer en solo. Mais une retraite avec d’autres survivants du cancer (ce qu’elle évoque dans « Main character ») l’a fait changer d’avis. Il est temps d’étudier le résultat. Le premier titre et premier single, « Back then », sent l’été à plein nez. On enchaîne avec une « Be somebody else » bien plus rock et, je trouve, encore plus réussie. « Doctor » se situe à peu près entre les deux, entre sucre et caractère. C’est d’ailleurs la teneur générale de cet album ; un compromis entre le passé et l’avenir, un bilan autant qu’un élan. Jessica Boudreaux avait besoin de passer à autre chose, et sa course effrénée n’est entreprise que pour se rapprocher d’elle-même, se retrouver. Et le résultat est plutôt encourageant. Loin d’être mièvre et insipide, le disque fait ressortir le caractère de la dame, sa faculté à analyser les choses et y apporter un regard distancié, mais aussi sa faculté à composer des titres plus nuancés et variés que dans son passé mais toujours chargés en rock alternatif. La maladie, la solitude, les problèmes relationnels ou amoureux, la pandémie, rien n’a arrêté la dame, et même tout l’a inspiré. Je dois bien avouer que les influences un poil country pop qui traînent ici et là ne sont pas ce que je préfère le plus, mais « The faster I run » reste un album qui passe plutôt bien quand on décide de l’écouter comme une carte postale ; et on y trouve aussi des titres vraiment sympa comme « Be somebody else », « Main character », « Cut and run » ou « Smoke weed ».

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