
Ah, quel bonheur que de revenir tutoyer les reliefs escarpés d’un disque des irlandais de God Is An Astronaut. Toujours changeant, mais assez fidèle à lui-même en terme d’ambiances et d’orchestration, le groupe développe depuis des années un post rock à la limite du metal, instrumental, subtil, épique et évocateur. De la musique orageuse qui canalise et fait converger l’émotion de ses auteurs vers nos petites âmes sensibles, voilà ce qu’apporte une fois de plus ce dixième album de la carrière du groupe. Le précédent avait pour thème le deuil, nous sommes donc aujourd’hui en présence des fantômes, quoi de plus logique ? Bien sûr, si on connaît déjà les lascars, on reconnaît leur méthode (et celle, peu ou prou, de l’ensemble des combos post rock) ; de délicates mélodies qui montent progressivement en pression, jusqu’à l’apothéose. Je le sais, comment ça marche, et pourtant je me fais avoir à chaque fois. Il faut dire que les gars se sont améliorés de disque en disque, et maîtrisent tout à la perfection aujourd’hui ; ils font jouer la lumière sur chaque mélodie, les triturent, les retournent pour en extraire le meilleur. Et si « Ghost tapes #10 » est plus dur et souvent plus direct que ses aînés (ce qui se ressent aussi dans sa durée, juste 37 minutes), ça ne l’empêche pas d’alterner les passages mélancoliques et rageurs, et d’inclure du piano et des parties électroniques qui viennent contraster son propos. Est-ce que ça fait de ce disque la quintessence du post rock ? Je n’irai pas jusque-là ; c’est un changement dans la continuité, sans déception aucune mais sans non plus d’émerveillement. La formation assure, on ne peut rien reprocher à cet album, il est plein de bons moments, mais je n’en suis pas ressenti transcendé ; contrairement à « Epitaph », c’est une histoire déjà connue qu’il nous convie à découvrir ici.