Année après année, décennie après décennie (on pourrait même dire siècle après siècle), Ninja Tune confirme son statut de défricheur, son talent pour dégoter des artistes passionnants et talentueux. Et ce n’est pas ce deuxième album de Matthew Barnes alias Forest Swords qui va vous convaincre du contraire. Ce disque est une somme. Matthew y bâtit une cathédrale à partie de bribes musicales glanées ici et là, au travers d’époques et de genres disparates et qui finalement se marient idéalement ensemble. Oh, bien entendu, il faut pouvoir en trouver l’entrée. Parce que « Compassion » n’est pas le disque hybride lambda : épique, ethnique, étrange, il nous fait voyager au travers de paysages surréalistes et d’émotions nuancées ; exaltation, émerveillement et anxiété. « Compassion » n’est pas vraiment confortable, mais on peut y trouver une forme de magnificence, quelque chose d’à la fois grand et presque mystique. Est-ce dû au choix des samples et sonorités alliant influences world music, choeurs et structures savantes ? Peut-être. En tout cas, ça fonctionne très bien sur la quasi intégralité du disque (« Arms out » et « Raw language » sont un peu pénibles), et on ne peut que se féliciter d’être tombé sur un univers aussi dense.
Forest Swords : Panic
Forest Swords : Arms out