
Sérieusement ? Comment un groupe avec le talent de Dystopia en vient à autoproduire une œuvre comme « Geen weg uit » ? Est-ce que des labels l’ont écouté ? Ok, je me calme et j’argumente. Dystopia, formation hollandaise, s’évertue à revisiter le black metal en y intégrant plus d’émotion et de désespoir, et n’hésitant pas à employer des instruments inhabituels pour le genre (la trompette). Pour schématiser, ça ressemble à la rencontre entre le black metal, le post hardcore et le neo black metal. Je ne peux pas, objectivement, dire que c’est follement original. Chaque élément a déjà été employé par d’autres, chaque tournure a pu être croisée ailleurs, chaque accent a déjà été utilisé par Nicolas Canteloup… Euh, non, mais bref, vous avez saisi l’idée. Le groupe décrit sa musique comme « sombre, intense, mélodique et agressive », et c’est plutôt bien jaugé. On pourrait ajouter le qualificatif « grandiloquent », justifié par les interventions cuivrées autant que par l’emphase apportée par certaines lignes de chant (dignement héritées d’un Garm) venant doubler les hurlements black / death. Côté texte, ne comprenant pas un traître mot et n’ayant pas les paroles sous les yeux, on va dire que chacun se fera sa propre interprétation ; de toutes façons, si le groupe n’a pas jugé utile de traduire et le titre de l’album et ceux de ses chansons, il doit bien y avoir une raison. Quoi qu’il en soit, les huit pistes (pour 40 minutes de musique) de « Geen weg uit » sont parfaitement équilibrées dans la durée comme dans les ambiances ou la virtuosité : ni trop, ni trop peu. Elles sont séparées en deux parties : « frénésie » et « aliéné de la foule », la dernière s’avérant être une longue outro. Et elles sont bluffantes de justesse ; s’il y a une autoprod’ qu’il faut se fatiguer à chercher en ce moment, c’est bien celle-ci.