Drab City est un nouveau venu sur la scène indie pop, mais il est constitué d’un duo ayant déjà expérimenté dans d’autres formations ce qu’ils voulaient ou ne voulaient pas faire avant de se retrouver, s’enfermer ensemble et communier à travers la musique. Un duo fusionnel donc, recroquevillé dans un cocon qu’il ne sera pas forcément facile de pénétrer, d’autant plus qu’il est assez difforme et qu’il semble se mouvoir à mesure qu’on en fait le tour. Et oui, il faudra vous y préparer ; cerner Drab City n’est pas chose aisée. D’ailleurs dès l’intro, la mélodie est malmenée, liquéfiée. « Working for the men » paraît en comparaison beaucoup plus accessible, même si elle semble voilée, pudique. Le terme « dream pop » souvent accolé au groupe lui va pour le coup assez bien, même si on ressent aussi, ici et au travers de nombreux titres, de franches incursions jazz. « Hand on my pocket » paraît encore plus évidente et agréable ; un vrai petit tube indie pop jazz. De manière générale, le mariage d’éléments pop, de la flûte, de rythmiques electro / trip hop, de formats jazz, d’ambiances psyché et d’un chant lointain sonne assez « hors du temps » et étrange ; les titres de ce disque ne dépareilleraient pas dans un film de David Lynch. Ou une série, d’ailleurs, vous me suivez ? Les titres se suivent, évoluant dans le même univers, ce qui n’exclut pas quelques changements ici et là (« Problem » voit débarquer une partie en français). Je ne sais pas si ce disque ne parlera qu’aux gens mauvais, mais c’est certain, il est constitué de bonnes chansons, belles et irréelles, rêveuses mais tristement amères. Et c’est une autre belle signature de Bella Union que nous avons ici.
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