
J’ai souvent croisé Denez Prigent, mais à contretemps, redécouvrant après leur sortie quelques albums, quelques titres. Je ne suis pas particulièrement breizhophile, mais je dois bien admettre que chacune de ces rencontres a été très agréable. Il faut dire que je suis assez fan du métissage electro / world, et le monsieur s’en est fait l’un des spécialistes. D’ailleurs depuis quelques temps il ne se contente plus de mélanger langue et culture bretonne et électro, mais va puiser son inspiration beaucoup plus loin dans le temps et l’espace. La preuve encore une fois ici avec le premier single que j’ai eu la chance de découvrir, « Waltz of life », sur lequel outre l’organe de Denez s’expriment celui de Aziliz Manrow (une jeune chanteuse country) et… celui d’Oxmo Puccino. Bien sûr, ça c’est plus surprenant, sur papier comme sur disque. Mais par le truchement (tu l’as pas vu venir, ce mot-là, hein ?) d’un aménagement mélodique, voilà le hip-hop entré dans l’équation. Bien sûr, je suis un peu déçu ; du coup, ça s’apparente plus à un break qu’autre chose. Mais ça reste agréable. Le reste de l’album est plus habituel : Denez Prigent a commencé par composer ses textes, les a modelé en lignes vocales, puis a confié les bandes aux musiciens afin que ceux-ci leur donnent véritablement vie. Les musiciens étant différents d’un album à l’autre, d’un titre à l’autre, l’atmosphère s’en trouve forcément changée. C’est certain, si on apprécie pas le gwerz, forme chantée / contée employée par Denez Prigent, on aimera pas plus le premier que le dernier des quatorze titres ici présents. Mais dans le cas contraire, on trouvera ici beaucoup de couleurs différentes, de la musique de film à la valse, de l’intimiste au grandiloquent. Impossible pour moi de résister à des titres comme « An arc’hig balan », « C’hwervoni » ou « Gwerz Montsegur ». Certains me rappellent d’ailleurs la puissance et le côté vertigineux d’un Orange Blossom, autre expert de l’electro world. Bref, ce onzième album du maître ne déçoit pas et affiche encore une créativité et une soif de fusionner intactes ; nul doute que le « gouvernail du vent » est bien tenu !