Ma rencontre avec ces suisses a été assez tardive. Mais comme (je le crois, du moins) tous ceux qui ont croisé la route du combo, je fus frappé par son originalité et sa personnalité. S’il se qualifie lui-même de « funeral band », et s’il emprunte fréquemment à la country gothique et consorts, il ne se contente pas d’être un ersatz de la scène américaine (ce qui pourtant pourrait déjà valoir son pesant de chocolat), mais va également puiser dans les folklores européens, dans le rock le plus bluesy, dans la lointaine acadie, dans le jazz le plus fripouille… Comprenez bien que tout ça donne une musique d’une richesse et d’une pluralité sans commune mesure. « Angst », huitième album du groupe, démontre encore une fois la versatilité et le talent de ces acteurs de l’ombre et leur cabaret noir. Les langues également se délient et s’allient, témoins du côté polyglotte de la suisse. Tout ici est un mariage contre-nature entre des cultures, des folklores et des ambiances contradictoires : « Baron samedi » danse la valse avec « Angela » sous un envol de « Papillons noirs ». « Angst » a parfois les aires d’une compilation plutôt qu’un tout uni et pensé comme tel, c’est un écueil que l’on peut lui reprocher. Mais pour autant, on en apprécie pleinement toutes les subtilités et on ne peut décemment tenir rigueur aux Dead Brothers pour leur volonté de proposer un voyage unique et grand angle. Enfin, on pourrait si ce n’était pas une telle réussite !
The Dead Brothers : Everything’s dead