La country est l’une des mamelles de la musique américaine. Alors quand des musiciens reconnus décident de jouer à « back to the roots », on est pas étonnés qu’ils en prennent le chemin, quel que soit leur genre de prédilection. Greg Graffin, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, est le fondateur et frontman du groupe punk Bad Religion. Le fait qu’il s’adonne sur ce troisième disque solo à un country rock franc et direct n’est donc pas une surprise. En plus, Mike Ness nous avait déjà fait le coup et, oh, tiens, c’est pas possible, on retrouve des membres de Social Distortion ici! Mais à l’écoute de « Millport », on en viendrait à se demander « c’est quoi, la country ? ». Est-ce un souffle, un rythme, une instrumentation, une manière de percevoir l’existence ? La voix de Greg nous ramène directement à sa formation d’origine, certes, mais sur de nombreux titres, on reconnaît aussi l’écriture du bonhomme. Il suffirait d’accélérer un peu le tempo et de changer quelques éléments, et « Millport » pourrait sans mal être estampillé punk rock. Il est là le paradoxe de ce disque ; il pourrait ouvrir ses fans à autre chose, mais les amateurs de country ne se pâmeront pas forcément devant lui. Restent de bonnes chansons, une facilité et une intelligence d’écriture qui méritent le respect, et un amour pour le matériau de base qui transpire de chaque note. Alors, curiosité ou moyen détourné ? Quelle importance, ce sont juste les deux faces de la même pièce, non ?