
Dans le monde de la musique, il y a les progressistes et les intégristes. Conviction, jeune groupe normand, fait assurément partie de la seconde catégorie. Cet album éponyme est son premier, et se positionne en droite lignée de formations classiques comme Saint Vitus, Cathedral, Pentagram et consorts. Soit un doom metal teinté de heavy metal aux titres lents, longs et au chant clair. Un style pas vraiment dans l’air du temps mais dont les amateurs restent nombreux et fidèles. La question est bien sûr ; Conviction est-il à la hauteur des attentes de ses fans de tristitude transis ? Et bien, écoutez, après un peu plus de trois écoutes, je dirais que le petit nouveau se défend bien. Bien sûr, ce n’est pas vraiment mon genre de doom préféré ; je préfère les ambiances mortifères ou funeral. Je lui reprocherais peut-être aussi un son un peu trop cru, un peu écrasé, manquant de relief par moment. Mais si vous aimez les riffs seventies, les albums homogènes desquels s’échappent des volutes verdâtres et des odeurs de souffre, vous pouvez sans mal faire une halte ici. Un mur de guitares lancinantes vous y accueillera, surplombé du chant entre doom pur jus et gothique grandiloquent d’Olivier. Le groupe aménage ça et là quelques passages plus « colorés », que ce soit par un chant choral (ce qui lui va assez bien), ou au contraire par des influences plus doom / death à la old Anathema (ce que j’aime bien aussi). Le tout est porté par des qualités instrumentales certaines, en particulier pour la guitare, qui prend souvent le dessus (hélas, le duo basse-batterie est un peu en retrait, comme souvent). Bref, pour un démarrage, ça part assez bien. Mais dans le futur, on attend une production plus ronde, chaude et puissante, qui mettra mieux en valeur les titres des français.