J’écoute peu de rap francophone. Mais j’ai la prétention de n’écouter que des choses de qualité. Il faut dire qu’à la différence du rap ricain je m’attache beaucoup au texte, à l’esprit, à l’attitude. Asocial Club, par exemple, est un collectif de mc’s venus d’un peu partout mais avec pour point commun une défiance envers le rap système et un franc-parler qui n’épargne personne, y compris eux-mêmes. Ah, oui, et dans le lot, il y a Virus que je suis de l’oeil depuis quelques temps, et Casey, qui jusqu’ici ne m’a jamais déçu. Et pour ceux qui ne seraient pas encore alléchés, on trouve aussi sur ce premier album du projet Rocé en featuring. Ok, pour ceux qui ne sont pas partis voir ailleurs, sachez que cet album est tout bonnement excellent. Sans trop de surprise, on y retrouve de la rage, du mal-être, du cynisme et de l’humour. Tout ça tient en treize titres, et ça tient plus de la magie que de l’habileté tant l’alchimie est au rendez-vous et chaque titre, même l’intro, fait mouche. Les textes écharpent déjà pas mal à eux seuls, mais alliés à des instrus puissantes et vraiment plus pensées comme des one-shot que des suites logiques, créant des ambiances uniques et inoubliables, font de ce premier album du collectif un passage obligé pour tout amateur de rap français qui parle plus avec ses tripes qu’avec ses trips. Si Asocial Club est esclave, ce n’est que des obsessions de ses membres, et sa totale liberté de ton, son indépendance, son détachement d’une quelconque scène lui assurent une place à part dans la production française. Si Maître Gims est le canot de sauvetage du rap français, alors Asocial Club est le salopard de requin qui s’y attaque juste pour le plaisir de savoir qu’il n’arrivera jamais à destination. Parce qu’on peut avoir la dalle et rester gourmet.
Asocial Club : 99%