
En 2018, la murderfolk un peu bordélique de l’américain Amigo the Devil m’avait donné des frissons, dans le bon sens du terme. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que je retrouve son barnum musical pour un deuxième round. Sa tête de malade mental sur la pochette nous indique clairement qu’il nous revient tout sauf apaisé, notre ami. Encore une fois donc, on passe d’une ambiance à l’autre, Amigo The Devil jongle avec la dark folk, la country punk, la musique de cabaret, le rock sombre aux relents gothiques et metal (quoique, ce dernier élément est beaucoup moins flagrant ici)… Oui, mais il le fait avec toujours autant de talent, et un don de conteur inchangé. Qui est donc vraiment Danny Kiranos ? On l’ignore encore au sortir de ce deuxième opus, mais peu importe ; ce sont les chansons qui portent ce disque, lui ne le fait pas directement, il est le medium de puissances supérieures (ou inférieures, serait-on tentés de dire), l’un de ces pantins bien flippants s’agitant au gré de la musique, infatigable interprète de récits tout aussi sombres, mais peut-être plus variés que sur l’opus précédent. Quoi qu’il en soit, si « Everything is fine » avait mis en lumière ce génial songwiter touche-à-tout, « Born against » l’impose comme un acteur désormais incontournable de l’univers dark americana au sens large. Encore une fois, un bon nombre de titres pourraient être cités comme d’éclatantes réussites, mais ce serait tout aussi vain, puisque nombreux sont ceux qui ne partagent pas la même ambiance, la même instrumentation, les mêmes influences. Si le terme « murder ballads » n’était pas déjà pris, il conviendrait très bien à ce disque. Bref, « Born against » est un bain caustique, un pot-pourri déviant, pétillant d’idées tordues, pour mon plus grand bonheur. Et le vôtre, je l’espère !