En 2015, je découvrais ce crooner neo-gothique américain et succombai assez facilement à son charme vénéneux. C’est le même magnétisme qui m’accueille sur une « The wish » renversante. « Halfway to andalucia » et « Silver beach tree » se montrent plus légers mais toujours aussi gothiques ; c’est là la marque de fabrique du bonhomme, et il n’est pas toujours facile de le suivre sur ce chemin et d’être à l’aise avec cette voie médiane entre lumière vacillante et pénombre. « Little breath » est un peu plus évident, mais fait pâle figure face à l’excellente gothicana « Valley of tears » qui aurait pu être interprétée par feu Johnny Cash. « The photographs » paraît également assez inoffensif après ça. « Unhappy seamstress » verse plus du côté Cohen. « Catherine in the dunes » est de ces titres mi-figue mi-raisin qui encombrent plus qu’ils n’enthousiasment. Ce qui n’est pas le cas d’une « Lullaby to a lost astronaut », sublime ballade mélancolique au piano. Ni de « And so goes the night », subtile rencontre d’un Dead Can Dance et d’un Cohen dernière période. Enfin, « Still this desire » clôt l’album sur une note un peu plus lumineuse, sans pour autant qu’on s’autorise à parler de gaieté ou de légèreté ; les onze titres de cette nouvelle offrande semblent porteurs d’une atmosphère de recueillement, de renoncement feutré, terriblement distingué. C’est cette affection de dandy qui fait vraiment l’unicité d’Adrian Crowley, et qui propulse « Dark eyed messenger » dans le trio de tête des meilleures drogues de substitution pour ceux qui ne se sont pas encore remis du décès de Leo… et de tous ceux qui aiment leur folk crayeuse, tragique et létale.
Adrian Crawley : The wish
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